À propos

« Derrière chaque commerce diois, il y a une histoire qui, même si elle est « petite », parle de la vie, celle des petites gens du Diois, d’une campagne reculée, montagnarde où il n’y avait pas de télé, pas d’ordinateur, puis petit à petit les premiers téléphones et les premières voitures… La librairie Mosaïque est créée en 1990 par le rachat d’une ancienne librairie-mercerie qui porte en elle tout un passé familial. »

Rédaction Florence Bermond et Bernard Lelièvre – Fondateurs et gérants de 1990 à 2021

Les ancêtres tutélaires

En décembre 1851, le Président de la République française, Louis-Napoléon Bonaparte, élu démocratiquement suite à la Révolution de 1848, trahit son mandat et son peuple en fomentant un coup d’état et en se faisant couronner empereur sous le nom de Napoléon III.
Face à ce coup de force, une vague de révolte secoue les provinces françaises attachées à l’idéal républicain. Ces révoltes sont étouffées par une répression violente. La vallée de la Drôme est très touchée par celle-ci, les forces bonapartistes emprisonnant beaucoup de républicains diois, notamment à la Tour de Crest.
L’un d’entre eux, Louis-Samuel Allard, protestant et républicain convaincu, doit fuir en Suisse pour éviter cette répression.
Si nous parlons de celui-ci, c’est pour évoquer ici simplement une tradition religieuse (le protestantisme) et un engagement politique (le républicanisme) qui ont une forte place dans l’histoire de notre région. Ils expliquent encore aujourd’hui que l’esprit de résistance aux injustices et l’espérance d’un progrès utile à tous soient toujours vifs dans notre région.

Son fils Louis Allard revient s’installer dans la vallée de la Drôme. Il fonde à Die entre 1885 et 1890 un commerce de mercerie, au n°35 de la Grande Rue : nous y voilà !

Mais cet homme a l’esprit un peu vagabond et part colporter ses articles de mercerie dans les hameaux et villages reculés du Diois, du Crestois et du Nyonsais. Si sa clientèle s’intéresse aux boutons, broderies et autres colifichets, elle n’en est pas moins curieuse, et de plus en plus instruite (vive l’école laïque !) et lui réclame des brochures et des livres. Et c’est ainsi que petit à petit, à la mercerie, Louis Allard et son épouse se mettent à vendre et à colporter aussi patrons de couture, livres de mode et livres tout court….

Ainsi naquit une librairie.

Les successeurs

Une des filles de Louis Allard, Jeanne, épouse Léon Beaumier, originaire de Lesches-en-Diois. Ils reprennent l’activité en 1929. Gardant la part prépondérante de mercerie, ils augmentent le volume de livres en stock. Ils ont deux filles, Lucette et Janine.

C’est en 1950 que Janine Beaumier reprend l’affaire en maintenant la triple activité de mercerie, librairie et papeterie. Cette association d’activités est fréquente alors dans le commerce rural en France.

Son magasin est un heureux capharnaüm où les livres voisinent avec des pelotes de laine Bouton d’or, des bas Gerbe et des soutiens-gorge dont il vaut mieux oublier la marque… Un énorme poêle à bois trône alors au milieu du magasin.Mais Janine est une grande lectrice, très ouverte et, plus par goût que par intérêt commercial, elle augmente de manière importante la part allouée au livre qui deviendra le produit principal de son activité. Les vieux diois qui l’ont connue vous diront qu’il y avait autant de livres dans son magasin que dans ses réserves, à l’étage… Et qu’elle était capable de trouver ce que vous vouliez en quelques minutes ! Elle agrandit un peu sa surface de vente en condamnant un couloir privatif, celui que l’on devine derrière la porte en bois à droite de la photo ci-dessus.

En 1990, après plus de quarante ans au service du livre et des lecteurs, elle cède le fonds de la librairie Beaumier qui devient la librairie Mosaïque.

La librairie Mosaïque

La librairie Mosaïque ouvre donc le 20 mai 1990 après quelques travaux d’agrandissement et de rénovation : peinture, éclairage, nouveau mobilier. Une nouvelle disposition des rayons, un mobilier plus moderne (quoique parfois bricolé-maison), des allées plus larges et moins encombrées font de la librairie un commerce entièrement nouveau, en rupture avec l’ancien.

Soyons francs : au départ, notre stock est un peu ridicule en nombre de références : 3-4000 titres. Mais nous affichons tout de suite notre volonté d’être réactifs aux demandes de la clientèle. Nous étoffons petit à petit les domaines où nous sentons une demande solide de sa part. Nous servons dès alors les commandes-clients, même les plus farfelues ou difficiles…
Les vingt années suivantes verront notre assortiment augmenter et se préciser, voire se spécialiser fortement pour certains domaines, jusqu’à atteindre aujourd’hui plus de 18.000 titres permanents.

Janine Beaumier et Florence Bermond en 1990
Les vingt années suivantes verront notre assortiment augmenter et se préciser, voire se spécialiser fortement pour certains domaines, jusqu’à atteindre aujourd’hui plus de 18.000 titres permanents.

Les agrandissements successifs

Les agrandissement successifs sont inévitables ! Nous sommes dans une logique de croissance et d’extension, dans la nécessité de pousser les murs pour mettre toujours plus de livres, enrichir et approfondir chaque rayon. Il y aura trois agrandissements étalés dans le temps…

Ainsi la surface de vente ouverte au public passe-t-elle de 40 m2 à 140 m2 aujourd’hui. Cela a nécessité à chaque fois le percement de murs porteurs : merci au sérieux des architectes et des maçons ; et surtout merci à Janine Beaumier de l’avoir permis : elle habite encore au premier étage !

Le premier agrandissement nous permet de créer d’abord un petit coin enfant et BD. Le second, grâce à un long couloir gagné sur les réserves et le bureau nous ouvre un accès de lumière extérieure non négligeable. Le troisième agrandissement, réalisé par l’achat d’une petite maison mitoyenne, au n°37, change complètement la physionomie de la librairie : plus de linéaire-vitrine sur rue, ouverture sur trois niveaux puisque un sous-sol et un premier étage sont accessibles au public.

Plus de surface veut dire plus de rayons, mais aussi une circulation plus aisée pour les clients, avec des allées moins encombrées ! Cela nous permet aussi de créer plusieurs petits coins de lectures avec sièges et tables.

La reprise

En juillet 2021, Florence Bermond et Bernard Lelièvre prennent leur retraite et c’est au tour de Thaïs Mathieu, Emmanuelle Malafronte et Christophe Payot de s’occuper de la gérance de la librairie Mosaïque.