Démontagner

Démontagner

Maxim Cain

 

Maxim Cain est dessinateur l’hiver et berger en estive l’été dans les Pyrénées Ariégeoises. Publié d’abord en parti dans la revue Bento, Démontagner est un récit autobiographique où l’on accompagne son auteur pendant toute la durée d’une saison en estive, à la tête d’un troupeau de 800 bêtes dans les Pyrénées.

Cela commence par un départ, fêter comme il se doit dans les villages au passage de la grande transhumance. Touristes et professionnels de la montagne font honneur à cette coutume. Le berger, lui, impatient de retrouver sa solitude, se prépare avec son chien à rester de long mois dans les sommets, loin de ses semblables, avec pour mission la bonne tenue du troupeau. La montagne est belle mais reste un danger par son relief, sa météo et certains de ses occupants, comme le loup ou l’ours dans les Pyrénées ariégeoises ou se déroule cette histoire.
Maxim nous conte son amour pour ce métier que beaucoup idéalise et qui pourtant impose un rythme strict et met à l’épreuve aptitudes physiques et morales. On suit toutes ses étapes du travail du berger : de l’accompagnement du troupeau vers les différentes zones de pâturage à sa protection face à l’ours sans oublier la bonne tenue de la santé des bêtes. La recherche des fugitives impose parfois de parcourir de longues distances.
Maxim nous livre ses peurs, ses angoisses et son stress mais partage volontiers la joie que lui procure sa pratique. Accompagné de son chien Finet qui endosse fidèlement les rôles de collègue, d’ami ou de radiateur. Il aime ses bêtes, en connais leurs noms, pas toutes évidemment, c’est impossible de compter 800 moutons éparpillés dans la montagne. Mais certaines sont des repères et permettent d’établir un compte approximatif et relativement juste. Repère qu’il faudra chercher tous les jours, qu’il fasse beau ou qu’il pleuve.
Le trait fin et rond, d’un noir profond sublime les reliefs montagneux abrupte et cassant. Ce graphisme tout en noir et blanc dégage une poésie magnifique qui rend les paysages, tantôt rassurant, tantôt effrayants. Les contrastes forts révèlent les ambiances, calmes ou stressante. On est séduit par le trait abstrait qu’il utilise pour se représenter, nous donnant à voir une forme, une silhouette silencieuse et observatrice, se détachant des autres personnages souvent plus bavards.
On s’imagine berger, on rêve de déconnexion et on l’envie parfois. Le froid, le vent, la brume, l’orage et la solitude sont pourtant les conditions difficiles des bergers en haute montagne. Cet album nous l’apprend ou nous le rappelle. Ancrée depuis des générations, cette pratique que l’on croit désuète façonne pourtant les montagnes d’aujourd’hui.

Les amoureux des grands espaces seront sans nul doute conquis par la beauté et la poésie du dessin de Maxim, et en apprendrons beaucoup ou un peu plus sur le travail et le rôle des bergers dans la protection de ce précieux environnement.