Chemins de fer du Mexique
Chemins de fer du Mexique
Gian Marco Griffi
Trad. Christophe Mileschi
Voici un bon gros roman de 650 pages. Pour qui aime la lecture au long cours, il pourra être le parfait compagnon de votre été. L’histoire est simple, et facile à résumer : l’action se déroule en Italie en février 1944 : Cesco Magetti, membre de la Garde nationale républicaine ferroviaire d’Asti souffrant d’une terrible rage de dent, se voit confier la mission de dessiner une carte du réseau ferré mexicain. Il a une semaine. Et l’ordre vient de haut, de très haut… Un livre, peut-être, peut l’aider, et il se met donc en quête de ce livre -tombant amoureux au passage d’une étrange bibliothécaire. C’est cette trame qui fait l’ossature du livre. À partir de là, non pas des digressions, mais des détours, des ajouts, des pauses, la rencontre d’autres personnages, passés ou contemporains de l’action, qui vont épaissir l’intrigue.
Christophe Mileschi, le traducteur, réalise une prouesse en trouvant le ton juste pour certains de ces épisodes qui sont parfois relatés dans une toute autre tonalité ou un autre style que le corps principal de l’intrigue. Si dans l’ensemble le personnage de Cesco est le narrateur, le point de vue change souvent. L’auteur, facétieux, ne l’indique pas toujours, mais prend soin de ne jamais perdre ni le lecteur ni le lien avec le récit principal. C’est brillant, tout comme le traitement historique, qui nous plonge avec justesse dans le Piémont de ce début de fin de guerre, et nous permet d’en saisir l’ambiance.
Milène Lang a réalisé un excellent entretien avec l’auteur, sur le site zone-critique, et je reprends ses mots en conclusion : « Pour lecteurs assoiffés de quêtes loufoques, de personnages marginaux et d’une langue drolatique et toute musicale ».
Car oui, en plus, c’est un livre drôle. C’est simple, il est tellement bien que je me le suis acheté.
Lors de sa sortie en Italie au printemps 2022, l’éditeur a vendu 168 exemplaires du livre aux libraires d’Italie. Puis le bouche à oreille a fait son office : deux ans plus tard, 50 000 exemplaires ont été vendus.
Ed. Gallimard, coll. Du monde entier, 25,00€